Je viens de fermer la dernière page de: "Une part de ciel" de Claudie Gallay
Le livre avait été éreinté par les critiques du "Masque et la plume". J'ai donc hésité à le lire d'autant que son précédent ne m'avait pas du tout plu. Pourtant, dès les premières pages, j'ai retrouvé ce qui avait fait le charme des "Déferlantes" et de "Seule Venise" Une littérature du "rien" ou plutôt des "riens" de l'existence qui par là même nous est familière.
J'aime l'opacité des personnages de Claudie Gallay, leur part de mystère. Ce sont des êtres à la dérive, en marge, qui ne sont jamais analysés par l'auteur, un peu comme s’ils lui échappaient. Il n'y a chez cette romancière aucune description psychologique et peu de description physique, pourtant par cette stratégie même de l'évitement, ses personnages sont vraiment incarnés.
Dans ce roman, aucune trame romanesque autre qu'une longue attente, pas d'idéalisation de la nature, l'auteur met en scène des vies un peu fracassées et d'immenses solitudes, abolies juste le temps d'un instant, le temps d'un souvenir, le temps d'un travail partagé.
Quelques images poétiques enchantent la lecture, les boules à neige que le père envoie pour dire "je reviens", la photo de la serveuse unijambiste qui secoue ses draps par la fenêtre pour évoquer le temps qui passe et la similitude des jours, l'herbier du val qu'on restaure ensemble comme mémoire du lieu ou les pelletées de neige des deux soeurs pour retrouver les souvenirs d'enfance enfouis ou tus.
Il y a là une manière de dire sans vraiment l'écrire et c'est le charme de ce roman, n'en déplaise aux critiques du "Masque"
#je dis