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La semaine des 4 jeudis
1 décembre 2013

Jamais sans mes soeurs

 

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Il ne suffit pas d’en avoir une, il en faut au moins deux pour en avoir toujours une avec soi ou deux contre soi. Les sœurs chez nous vont par trois, comme les sœurs Bronté, les Andrew's sisters……ou les soeurs Hallywell dont le nom fusionne si bien avec notre patronyme qu'elles nous collent définitivement à la peau.

Mes sœurs, mes siamoises, mes miroirs… nous ne sommes qu’une variation d’un même motif.  A trois, nous sommes parfaites, l’une réfléchit, l’autre agit, la troisième critique, l’une tombe, la deuxième la relève, la troisième appelle les pompiers.

Depuis que nous sommes petites, nous sommes une entité redoutable, appelée, « le comité des sœurs », aussi souriant que le "comité de salut publique" de Robespierre, comité craint par nos conjoints, nos parents, nos enfants. On nous consulte: «  Hé, les « sœurs », vous en pensez quoi ? » et on obtempère « Si les sœurs l'ont dit, c'est d’accord…. ».

Pour parodier Guillaume Gallienne, chez nous c’est plutôt « Les garçons et les sœurs, à table ! »

Le "comité des sœurs" a donné son avis pour chaque copain que l’une d'entre elles ramenait à la maison. Il fallait être adoubé par les trois pour espérer en épouser une « 8 sur 20 pour celui là, il aime le foot, pas le chocolat, chemise ringarde et cheveux trop long sur la nuque, jolis yeux, quand même….mais bof » Nous avons fini par vivre avec un 14 sur 20, un 15 sur 20 et un 17 sur 20 (celle qui vit avec le 14 sur 20, adooore les "Beautiful losers"!) Inutile de préciser que ces notes ont sérieusement chuté depuis.

 Nous avons les mêmes rides au coin des yeux, la même voix voilée, un ton au dessus, un ton au dessous, la même façon de prononcer les « r ».

Liées les unes à l’autre puisque sorties du même ventre, nous avons des antennes. Si l’une n’a pas le moral nous le sentons, au téléphone, rien qu’à son « Bonjour, c’est moi » qu’elle ne module pas tout à fait de la même façon. Si l’une passe un examen, les trois sont stressées. Si l’une est enceinte, les deux restantes, au propre ou au figuré, le sont. Nous prenons toutes des kilos fraternels et nous nous régalons de "roquefort et cornichons" ou "asperges et calissons" selon les envies des ou de la future parturiente.

Dans la maison des parents, nous passons des soirées à finir les cerises à l’eau de vie en tricotant et détricotant nos souvenirs ou en rejouant nos bêtises d’enfance, nous finissons la larme à l’œil secouées de fous rires, vers 3 heures du matin (l’alcool ou l’affection, nous n’avons jamais pu savoir d’où venait l’ivresse ). Nous nous appelons encore respectivement Javotte, Anasthasie et Cendrillon, ce qui ne fait rire que nous même.

Le vrai bonheur d'avoir des soeurs, ce sont, aussi, les répliques de film qu'on glisse dans la conversation qu'elles seules reconnaissent, les plaisanteries occultes, les expressions partagées, le langage de connivence, les chansons "chantées" à tue tête pendant les promenades, les expériences d'hier et les projets de demain. L'essentiel passe par la parole, nous sommes des soeurs bavardes.

 Ce sont les seules à qui je puisse dire : « Attention, là, tu te mets à ressembler furieusement à maman ! » Ce sont les seules à qui je puisse emprunter, à l’une les chaussures et le chapeau, à l’autre, la robe, pour le mariage de Pauline. Souvent on nous confond et sans le dire, nous en sommes ravies. Ce sont les seules autorisées au debriefing dans la voiture après les mariages et les réunions de famille. Ce sont, d’ailleurs, les seules à avoir une aussi mauvaise langue que moi et à ceux qui s’en offusquent, nous répondons en chœur : « Ce n’est pas de notre faute, c’est congénital »

Ce sont les seules, aussi, dont nous sommes jalouses, elles semblent tellement être, "nous", mais en mieux. Les variations génétiques nous ayant pourvues ou dépourvues d’attributs que les deux autres envient forcement….Mais, enfermées dans la salle de bain, nous adorons élire la plus moche, sachant qu'une bosse sur le nez équivaut à des genoux cagneux et une myopie à des oreilles décollées. La plus laide du jour a droit de se montrer désagréable, privilège absolu accordé de droit à la "reine des moches"!

Il y a une chose quand même qui nous rend vraiment différentes c’est notre place d’ainée, de deuxième ou de dernière.

Chaque place nous a donné des privilèges, des devoirs et des attitudes qui ne changeront jamais.

L’ainée a fait les problèmes de maths et les dissertations épineuses de ses deux sœurs. C'est elle qui leur a donné le truc d'emmener son pyjama en soirée et de l'enfiler avant de rentrer à 5 heures du matin au cas où l'on croiserait papa dans le couloir, persuadé que vous êtes rentrée à deux heures comme convenu. Elle sera, à vie, légèrement péremptoire et restera pour ses soeurs, celle qui a la « Solution » aux problèmes aussi bien pour gagner au "times up"que pour expliquer pourquoi les choux s’effondrent dans le four.

La deuxième a du affirmer à ses parents dans le blanc des yeux, l'air candide, que sa sœur ainée passait bien le week-end chez son amie Elise, et, que non, bien sur, elle n’était pas à Carhaix aux "Vieilles Charrues" ou, que, si sa petite sœur se maquillait pour aller au collège, elle l’aurait, sans aucun doute, remarqué !. Elle gardera donc définitivement cet air candide voire "oie blanche" et sera chargée du plan Com entre famille et « comité des sœurs » Elle servira de psychologue pour enfants, de psychanaliste de comptoir et annoncera, avec diplomatie, aux conjoints que : « Hé, bien si, cette année encore, le "comité des sœurs" a prévu des vacances communes ! ».

Quant à la petite dernière, elle a usé son enfance et son adolescence à faire du charme et des caprices, elle a subi l’éternelle comparaison: «  Ta sœur était plus travailleuse, plus réfléchie, ton autre sœur était tellement gentille"  Plus….jamais moins ceci ou moins cela. Elle est donc devenue la plus rebelle, s’embarquant dans des projets loufoques, cultivant des idées saugrenues et des goûts étranges qui font hurler de rire les deux autres et réveillent leur instinct de protection : « Non, je t’assure, une grève de la faim, n’est peut être pas le moyen le plus efficace…..Passer l’hiver dans une yourte en Mongolie, hum….comment dire….As tu pensé aux loups ? A la crise d’appendicite ? A la pénurie de mascara ? ....Cette jupe, heu...oui.... mais, elle ne te fait penser un peu à une couverture pour chien? "Dis, comment ça, un grand mariage dans un chateau avec voile et diadème...."

N'empêche, mes sœurs et moi, c’est vraiment vice et versa

 

 

 

 

 

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Commentaires
B
J'adore! je reconnais bcp de ce que l'on vit entre cousines (malgré une famille de filles nous ne sommes "que" 2 soeurs)
F
Ressemblances et différences, entre 5 soeurs les positions sont moins tranchées mais l'effet de bloc vis-à-vis du reste du monde bien réel. Bonne soirée
M
C'est tellement bien "croqué" !
E
Tu veux bien m'en donner une? Moi qui en ai juste une d'état civil, j'aimerais bien!!!<br /> <br /> Ou sinon je me fais adopter par votre trio:
P
oh la la génial ! ça fait envie !! moi avec ma soeur ...c'est fluctuant...et ces derniers temps c'est bad :(
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