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La semaine des 4 jeudis
22 septembre 2014

métamorphoses, Christophe Honoré

METAMORPHOSES

J'ai guetté l'arrivée de ce film dans ma ville depuis le mercredi de sa sortie et j'ai bien failli le manquer puisqu'il est passé dans le plus petit des trois cinémas d'Amiens. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas.

 Comme il l'avait déjà fait avec Mme de la Fayette pour La Belle personne, Christophe Honoré adapte l'oeuvre d'Ovide de façon très personnelle et réussie.

 

 Toute la richesse du film tient dans son ambivalence entre naturalisme/réalisme et symbolisme, Christophe Honoré mêlant sans cesse le trivial au divin.

Ces métamorphoses (le titre d'Ovide perd son M majuscule, premier signe de l'incursion du trivial au sein de l'oeuvre) se déroulent dans le Sud de la France, en partie dans des cités populaires, vétustes, désoeuvrées. Les acteurs sont des amateurs, des jeunes qui ne jouent pas toujours forcément très juste, rapprochant ainsi parfois le film du documentaire.
Les corps sont filmés sans retenue ni complaisance (les boutons, les bourrelets, le grain de la peau, les corps vieillis de Philémon et Baucis...) avec une insistance qui évoque spontanément la statuaire grecque bien qu'on soit loin de ses canons et que ces corps n'aient rien de divin aux yeux des diktats plastiques de notre époque. Christophe Honoré n'utilise pas le moindre effet spécial pour ces métamorphoses, il a choisi de procéder par changement de plan, de lumière. Les dieux de l'Olympe sont des jeunes de cités, certes un peu plus grands que les autres, mais qui boivent toutefois leur Kro au goulot.

 C'est au milieu de toute cette réalité crue, et de la nature qui borde la cité, que Christophe Honoré a choisi d'installer le divin.Les scènes filmées, en apparence, de façon très neutre et sans artifices, alternent avec les plans plus réfléchis, plus léchés, notamment à la fin de chaque mythe.  On se rend finalement compte que chaque scène, sous ses airs ordinaires, est en fait pleine de sens.
La nature se fait berceau du divin : l'eau, la terre et l'air sont omniprésents dans les différents plans. On trouve ainsi une forme de paganisme dans la caméra du réalisateur, le divin se trouve même dans le vent qui fait onduler les cheveux des filles qui admirent Narcisse.

La BO, à l'image du film, alterne entre les classiques comme Ravel et Baxter Dury.

J'ai aimé la richesse du film, l'abondance de métaphores, d'images, de sens cachés qui traduisent le foisonnement et la profondeur du texte latin.

J'ai également apprécié la relative absence de dialogues et de psychologie des personnages qui laissent toute liberté et toute latitude au spectateur de s'approprier ces mythes.

La versatilité du scénario m'a moins convaincue:  sa narration n'est pas linéaire et procède beaucoup par flash backs, lesquels arrivent parfois sans transition, un peu comme un cheveu sur la soupe.

Il me semble qu'il est nécessaire d'être familier avec ces mythes pour apprécier le film à sa juste valeur. Il est, de ce fait, un peu réservé aux happy few (ce qui lui a d'ailleurs valu une certaine réputation de film snobinard).

C'est surtout un film audacieux, déroutant, une adaptation protéiforme, très peu académique d'un texte on ne peut plus classique. L'oeuvre d'Ovide n'est néanmoins absolument pas dénaturée, mais, au contraire, plutôt enrichie par ce nouveau regard moderne.
Un beau défi relevé avec beaucoup de finesse. Chapeau bas Monsieur Honoré.

 # Jedi

metamorphoses bis

 

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