Amours....
Il s'agit bien d'amours au pluriel dont nous parle ce très beau livre de Léonor de Récondo, d'amours emmêlées dans une petite ville étriquée de province au début du XXème.
Victoire de Champfleury a épousé Anselme de Boisvaillant, veuf et notaire, après une petite annonce parue dans le chasseur français. On espère un héritier qui tarde à venir. En attendant, Anselme couche avec Céleste, la petite bonne ....
Le livre est court et va à l'essentiel, le style est direct, limpide, concis, mais, chaque mot semble pesé pour induire une charge symbolique qui lui donne une sorte de poésie singulière. En peu de phrases, l'auteur fait naître un monde un peu triste où ni les corps ni les coeurs n'exultent, où les personnages se sont construits sans l'amour véritable d'un père ou d'une mère, déterminés par leur rôle social avant qu'ils ne soient bouleversés par l'arrivée de l' enfant de Céleste et d'Anselme.
On devine que tous les éléments mis en place dans le récit vont prendre un sens plus profond, à commencer par les noms ( de Boisvaillant, Victoire, Céleste) et... la lettre, la musique, le corset, l'achat d'une robe de Poiret.
Le roman est dense, il résonne. Ce récit initiatique d'un éveil de la chair montre aussi bien l'expérience ambiguë de la maternité que la jouissance amoureuse ou l'extase mystique. Mais la chair, ici, est aussi le chemin de la découverte de soi, de la confrontation du désir et révèle l'imposture d'une société bourgeoise étouffante où, finalement, chacun reste à sa place. La grande force de l'auteur par la manière et les réflexions soulevées c'est de faire d'un roman dont les situations sont datées, un roman extrêmement contemporain
En lisant ce livre qui est un vrai coup de coeur, j' y ai retrouvé quelque chose de "Soie" de Baricco ou de "Tous les matins du monde" de Quignard, c'est dire......
#je dis