En attendant noël # 9 Les fenêtres éclairées
9 décembre.
Le jour tombe vite, vers 17 heures au plus court de l'hiver.
Sur le chemin du retour, le long des trottoirs, s'allument les fenêtres, les intérieurs bleutés par la lueur tremblante de la télé, les pièces plongées dans la pénombre avec, sous une lampe, une silhouette emmitouflée qui lit dans un fauteuil. On voit des ombres derrière des rideaux qui semblent danser ou se disputer, des chats qui passent, des lumières de guirlandes qui clignotent, des flammes sous la cocotte des cuisines. Il y a les petites fenêtres sur les toits qui ne montrent que des plafonds ou bien cet homme accoudé qui fume et jette son mégot comme une étoile filante dans la nuit de décembre. Il y a aussi les grandes fenêtres des cafés aux vitres embuées sur des mains qui s'emmêlent et, parfois, des baisers , il y a des gens qui font du yoga sur de petits tapis de couleurs, des enfants dans une classe penchés sur des cahiers, un cabinet d'expert comptable, gris rouge et noir, où un homme s'étire devant son écran. Il y a des fenêtres qu'on voudrait pousser, d'autres qui sont comme la scène d'un théâtre. Mais, toutes, toutes nous renvoient à la douceur d'un lieu où s'abriter, d'un endroit vers lequel on se hâte.
Alors qu'il tombe un peu de neige fondu sur notre manteau, il y des gens qui n'ont même pas ça, une fenêtre éclairée.