Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La semaine des 4 jeudis
19 septembre 2014

James Salter, le mouvement de la vie.

 

 

Une vie et rien d'autre,

la vie de Philp Bowman, jeune officier pendant la guerre contre le Japon puis employé dans une maison d'édition.

Si nous avons tendance à vivre le présent comme un flux continu de temps, notre passé est perçu comme morcelé, distordu. Certains épisodes sont étirés, montrant une disproportion quant à leur durée réelle, nous nous en souvenons comme s'ils s'étaient étendus sur plusieurs années alors qu’ils n’ont concerné tout au plus quelques mois. Inversement, certains sont raccourcis. D'autres moments sont incolores alors que quelques uns restent précis et chatoyants. Peut-on penser que c’est leur charge émotionnelle qui les dilate ou les raccourcit, qui les efface ou les archive ?

Salter nous prouve dans ce roman que c'est leur charge romanesque. En effet, la vie de Bowman que Salter relate dans ce roman, ou plutôt telle que Bowan, lui même, pourrait la raconter est une vie discontinue et fractionnée, faite d'instants et d'épisodes précis, sans hiérarchie sur le récit. Inutile d'imaginer une chronologie, il fait de la vie de son personnage une succession de souvenirs quelquefois essentiels mais aussi très souvent périphériques. Ce sont donc des moments qui passent, où l'assassinat de Kennedy fait une ligne et la rencontre d'une femme plusieurs pages....Car la grande affaire de Salter, c'est de saisir, par des chemins de traverse, l'écoulement du temps, le lent délitement des amours, les amitiés qui durent malgré tout, la société qui change... Certains personnages sont à peine esquissés et il saisit la profonde vérité de certains autres par des détails qui paraissent anodins, il ne cherche ni à comprendre ni à juger, il se contente de dévoiler leur  singularité avec une tendresse sous-jacente.

Évidemment, c'est un roman mélancolique puisqu'il traite de la fuite du temps et de la fragilité du bonheur mais il n'y a, chez lui aucune amertume mais l'acceptation totale de l'éphémère d'une vie humaine.

  La grande force de Salter c'est également l'élégance et la clarté de son style parfaitement rendues par la traduction.

" C'était une vie plus importante qu'il n'y paraissait, un oeil gardé sur l'histoire, l'architecture et la conduite humaine....avec des après midi incandescents en Espagne, les volets clos, une lame de soleil se glissant dans la pénombre"

Il faut vraiment lire Salter

 

 

 

#je dis

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Pour l'apres Olivier Adam...
M
C'est drôle, James Salter, j'ai dévoré tous ses livres il y a 10 ans... et puis... Oh je vais m'y remettre, merci pour le billet !
P
Sur ma liste.
La semaine des 4 jeudis
  • "La semaine des quatre jeudis" est une expression familière désignant une semaine idéale mais imaginaire. Quand le blog se rédige à 8 mains, en famille : Je dis, Jeudi, Jeu 10 et Jedi vous font découvrir un petit bout de leurs vies !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité