La dictature du gallinacé
Une précision tout de suite pour ceux qui habitent en centre ville, qui ont séché les cours de SVT ou qui prennent le mot « gallinacé » pour le pseudo d'une célèbre blogueuse. Un gallinacé est un animal plus communément appelé poule ou coq qui paraît charmant au premier abord mais qui possède des trésors de fourberie.
Vous vous dites : « Ah, ça y est.... cette « je dis » va encore jouer sa petite malheureuse, elle ferait mieux de s'occuper de l'annexion de la Crimée ou de la faim dans le monde ! » Certes, certes, mais je me dois de prévenir le citoyen naïf des dangers qu'il encourt à entretenir une basse cour (et, je ne vous parle pas d'une basse cour en Crimée!)
Hé bien oui, cet animal qui ne vous évoque que des comptines enfantines genre : « Une poule sur un mur qui picote du pain dur, picoti, picota, lève la queue et puis s'en va ! » ou, éventuellement, une dame très maquillée en manteau de fourrure, peut se révéler dangereux et source de grands ennuis. Je sais ce dont je parle, je possède pour l'instant 5 gallinacés nains (les pires!), Véloce et Raptor, les deux coqs, Zézette, tututte et Marie Hortense, les trois poules.
Prenons les coqs,Véloce et Raptor, observez les, approchez vous et fixez leur œil qui ne cille jamais Qu'y reconnaissez vous ?
…..Le dinosaure....(ceux qui ont répondu « l'essence de la bonté divine » sont disqualifiés mais ceux qui ont répondu « l'oeil du démon » peuvent continuer leur lecture!) En effet l'ancêtre direct des gallinacés est bien le dinosaure. On comprend beaucoup mieux, dès lors, pourquoi le coq possède cette agressivité intrinsèque qui le pousse à nous attaquer, une fois le pied mis dehors. Sa technique est efficace. Toujours par derrière, silencieusement, il vous course et vous plante les ergots dans les mollets. Vous imaginez la terreur des enfants et du facteur qui refuse maintenant de pousser le portail. Même les chats sont inquiets à la seule vue de Véloce et Raptor.
Déconcertés par cette propension névrotique de nos coqs à la sauvagerie, d'autant que, les ayant eus tout petits, nous les avons élevés dans une philosophie résolument non violente, nous avons consulté les vieux sages du village (Mr René, Mr Pierre, Mr Louis) pour tenter de les ramener à plus de bienveillance. « Hé ben, faut leur couper l'cou ! » fut la seule réponse qu'on nous donnât et nous passâmes, encore une fois pour les bobos du village même si, dans notre campagne, le mot bobos a plus le sens de crétins que de bourgeois bohèmes.
Bien sur, il était hors de question que nous répondions à la violence par la violence, nous avons donc potassé un livre sur l'éthologie du gallinacé et nous apprîmes qu'il suffit de dominer le coq vocalement. En un mot, de cocoricoter plus fort que lui ou de lui hurler des injures avec un volume sonore impressionnant ….Facile, quand on est seul, beaucoup moins, quand on possède l'organe de Carla Bruni (ne nous trompons pas, je parle de sa voix!) ou quand nous avons des invités qui, derrière notre dos tournent leur index sur leur tempe. Les enfants profitent de cette "battle" pour enrichir considérablement leur vocabulaire. Entendre une petite de trois ans traiter sa sœur de " moule à gaufres " est un peu spécial mais le capitaine Haddock est notre référence absolu question injures, pour ne pas tomber dans une vulgarité de mauvais aloi....
Malheureusement l'agressivité des coqs n'est pas leur seul inconvénient.
Nos coqs saluent triomphalement le lever du soleil à 5 heures du matin mais, ont aussi tendance à être somnambules, donc, ils saluent triomphalement la lune ou l'absence de lune en pleine nuit. Si cela vous réveille, vous pouvez toujours vous répéter comme un mantra « la campagne c'est génial, je me ressource en pleine nature, j'ouvre mes chakras à l'énergie du vivant etc.... » pour essayer de vous rendormir.
Ils adorent, également, dès que la porte de la cuisine est ouverte, s'introduire dans la maison et se promener tranquillement dans toutes les pièces en picorant des miettes ou des orteils selon leur appétit du moment. Cela fait son petit effet quand nous avons du monde mais il faut apprendre à rester stoïque car le coq est très agressif en intérieur, persuadé que vous habitez chez lui et apprendre à slalomer entre les fientes.
Même, dehors, quand nous prenons le goûter, ils rappliquent illico, piochant sans vergogne dans le stock de gâteaux et, s'attaquant aux plus faibles, n'hésitent pas à bondir pour arracher le biscuit tenu à la main et laché par effet de surprise.
Vous allez me dire : "Mais les poules, elles sont gentilles les poules !"
Pauvres naïfs, vous êtes mignons!
Oui, les poules sont assez gentilles mais.... très contrariantes.
Nous leur aménageons dans le poulailler des pondoirs de grand luxe, paille fraîche et tutti quanti, mais, elles pondent n'importe où. Quand elles disparaissent pour couver, c'est un « branle bas » de combat, nous passons des heures à les chercher dans le jardin en imitant la poule qui vient de trouver un ver de terre, histoire de la tenter. C'est Pâques toute l'année, chez nous, chacun fouille son coin de jardin, à la recherche d’œufs, que nous ne mangeons pas parce que nous ne connaissons jamais la date de ponte et ne tenons pas à manger un poussin en voie de formation à la coque.
La poule étant un as du camouflage, parfois 21 jours après nous la voyons réapparaître avec une douzaine de poussins, dont statistiquement, au moins, 4 coqs....et l'enfer recommence.
La poule est un animal lunatique. De temps en temps, Zézette, Tututte et Marie Hortense ont des foucades et refusent de rentrer dans le poulailler, préférant résolument le camping, perchées dans les arbres avec leurs petits sacs à dos (C'est pour repérer ceux qui ne suivent pas.... Les poules n'ont bien sur aucun sac à dos. Je vous rappelle que cet article est un article scientifique!). Des fouines errant dans notre jardin, pour garantir leur sécurité, nous sommes obligés de les déloger en grimpant à la "Tarzan" pour les descendre. C'est Mr « je dis » qui s'en charge non seulement parce qu'il est plus athlétique que moi (encore que!) mais surtout parce qu'il porte beaucoup mieux le slip léopard et que l'idée de toucher une patte de poule me rend hystérique ; Je ne connais rien de plus repoussant et de plus effrayant qu'une patte de gallinacé avec 3 doigts écaillés terminés par des ongles jaunâtres..
Je vous passe les ennuis dus au grattage qu'elles pratiquent à grande échelle dans les semis, des salades qu'elles ratiboisent et le risque de grippe aviaire et vous aurez une vue globale de l'élevage avicole.
#je dis