A la piscine sans se mouiller
Le musée de la piscine à Roubaix est vraiment un des plus beaux et des plus intéressants musées de province. Le cadre est magnifique et les collections, sans compter des peintres vraiment majeurs, sont passionnantes.
Le musée se situe dans une ancienne piscine "art déco" dont on a gardé la structure, les mosaïques, les cabines et les balcons. L'architecte a même recréé un bassin et, de temps en temps, on entend l'ambiance sonore d'une piscine (surprenant!).
Les collections reflètent le paradoxe et le charme (si,si!)de Roubaix, la confrontation de deux classes sociales, les nantis et les masses industrieuses. Paradoxe flagrant quand on se promène dans les rues où les grandes et magnifiques maisons bourgeoises autour du parc Barbieux côtoient les corons des usines du quartier de l'Epeule.
La plupart des tableaux se situent entre 1850 et 1950. Leurs auteurs sont souvent des peintres régionaux et les sujets dans l'ensemble ont une grande cohérence, vie mondaine et travail, vie familiale, portraits et loisirs. On y trouve également, le long du bassin et dans quelques salles, une belle collection de sculptures dont la célèbre "petite Châtelaine" de C. Claudel.
Personnellement, j'aime plus que tout le buste de Linette Aman Jean par Charpentier, qui symbolise à elle seule dans son visage asymétrique, toute l'enfance sans mièvrerie, ni joliesse.
Nous connaissions le musée et même si c'est toujours un plaisir de le parcourir , nous étions venus voir l'expo:
" Le siècle d'or de la peinture danoise"
J'avais vu, il y a quelques années, une expo sur la peinture nordique au "Palais des Beaux Arts" de Lille, que j'avais beaucoup aimé . J'étais , donc, impatiente de découvrir ces peintres danois
On entend par "siècle d'or" au Danemark, le début du XIX ème, c'est, donc, une peinture académique, avec peu d'audace picturale et même, quelquefois, un peu de maladresse mais elle possède un charme particulier, un certain lyrisme face à la nature, une simplicité des sujets, une fraîcheur des couleurs, une poésie du quotidien de la ruralité ou des gens de mer et une naïve fierté patriotique. Ce n'est pas pour moi la période la plus intéressante de la peinture nordique mais on sent dans ces tableaux l'annonce de l'école de Skagen, d'un Hammershoi ou d'un Brokman.
Beaucoup de tableaux, fidèles au "plein-airisme", représentent un ou deux personnages dans un environnement naturel de dunes, de collines, de forêts. Ces personnages sont peints avec un tel recul que l'oeil ne saisit pas tout de suite leur présence dans le paysage. Mais à l'opposé d'un Caspar David Friedrich cette nature n'est jamais ni écrasante ni menaçante, elle n'est pas "psychologisante", elle n'est pas peinte pour "faire sens", elle est juste là, offerte à la contemplation.
La force de cette période de la peinture danoise réside peut être simplement dans un profond bonheur de vivre en lien avec une "Nature" qu'elle ne cherche ni à définir, ni à maîtriser.
Les "avant-gardes" sont souvent déroutantes et nous obligent à prendre position par un travail de l'intelligence et de la sensibilité. Ici, il ne suffit que de planter son regard bien droit dans le tableau, retirer ses chaussures, sentir le sable crisser sous les pieds et le vent dans ses cheveux. Il ne suffit que de se perdre dans le ciel et sur l'eau ou d'écouter bruisser les feuilles....La beauté apaisante des rivages ou de la campagne danoise nous invite à la promenade.
Pour entretenir votre forme psychique, je vous encourage à faire quelques brasses à la piscine avant l'hiver.....
#je dis