Amour
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J'ai vu « Amour » de Michael Haneke.
J’y allais avec beaucoup de réticence persuadée que je ne supporterais pas ce qu’on m’avait promis d’y voir: une fin de vie, la déchéance du corps, la séparation.
Quelle erreur ! l’émotion m’a submergée de bout en bout et je ne devais pas être la seule : il y avait un tel silence quand les lumières se sont rallumées sur un générique sans musique.
C’est un huis clos autour d’un couple dont l’un va mourir, huis clos volontaire d'une ancienne professeur de piano atteinte par un AVC et de son mari.
Georges et Anne vont vivre leur amour jusqu’au bout, seuls, refusant toute compassion, au point d’exclure, presque, leur fille.
La mort d’Anne est la fin, mais aussi l’épiphanie de leur relation. Ils accomplissent leur chemin vers la mort d'Anne en compagnons de toute une vie, ils vont jusqu’au bout ensemble, se dépouillant de ce qui a été leur vie, même de leur amour pour la musique.
Film stoïcien, très protestant, d’une grande rigueur et d’une grande pudeur non pour le corps, habitacle méprisable mais pour les sentiments. Cette vérité du corps, Haneke nous oblige à l’affronter car « seule la vérité nous rend libre.
Haneke tient son film au plus serré, sans pathos et sans larmes, dans la sobriété et la nudité, il ralentit le temps sur des moments quotidiens dans un appartement qui fait écho parfaitement à ses deux personnages. Et, que dire des 2 acteurs, Emmanuelle Riva et Jean louis Trintignant, dont on se demande quelle sérénité ils ont pu trouver en eux même pour "jouer" cela!
Avant de se prononcer sur la dignité de la fin de vie et l’euthanasie, il faut voir ce film.
#je dis